Cofondateur à Palo Alto de la start-up iFeelGoods, Michael Amar est revenu en France avant la Covid. Il y a co-créé le Chain Accélérateur (revendu à ON-X) et les conférences PBWS (Paris Blockchain week Summit) et Paris NFT Day, qui viennent de se tenir au palais Brongniart. Il fait le point sur les tendances qui s'en dégagent pour le Web3.
Michael Amar. Il y a autant de définitions que de gens dans le domaine. On peut dire que le Web3, c'est la décentralisation, donc tout l’univers crypto. Pour ma part, j’ai mis longtemps à comprendre. Mais quand j’en ai réalisé le potentiel, l’an dernier, j’étais aussi fasciné qu’en 1994, la première fois que j’ai vu une page Web se charger.
On connaît l’exemple de la finance. Aujourd’hui, vous rémunérez une banque pour qu’elle garde votre argent et elle s’en sert pour générer des profits qu’elle garde pour elle. Avec la crypto, la conservation est gratuite et on vous rétrocède une partie des gains. Vous devenez votre propre banque.
Mais l’application du principe est beaucoup plus vaste ! Imaginez d’avoir le choix entre FaceBook et un autre réseau social, appelons-le BookFace, où vous pouvez voter sur ce qui est une fake news ou pas, de manière à influencer l’algorithme, et où on vous reverse une partie des revenus publicitaires générés par votre page. Que choisissez-vous ?
M.A. Evidemment tendance de fond. Tout comme il y a des hauts et des bas dans le bitcoin, les NFT connaîtront des soubresauts. Telle ou telle collection pourra s’effondrer, on voit ça tous les jours. Mais la balle est partie ! Le droit de suite automatisé fait que chacun sera rémunéré pour le contenu qu’il met en ligne. Non seulement vous êtes votre propre banque, mais tout ce que vous créez devient votre actif. Dans les metaverse du futur, les NFT « vivront » à plein : ils sont au cœur des premiers projets, comme The Sandbox et Decentraland.
En outre, les fonctions de votre Wallet s’enrichissent constamment. Dans cinq ans, tous vos tickets d’entrée s’y trouveront, et vous pourrez y relier et partager les photos et les vidéos, tous les souvenirs de l’événement sportif, culturel, économique auquel vous avez participé.
Cela en fait un élément-clé de valeur pour tous ceux qui voudront vous soumettre des publicités, en vous rémunérant bien sûr. L’e-mail du futur, c’est le Wallet ! Déjà, les jeunes le délaissent.
M.A. Nous avons eu 3 000 visiteurs au Paris NFT Day et 4 000 au Paris Blockchain Week Summit, ce qui en fait le plus grand événement européen des cryptos. 15 % d’entre eux étaient Américains, mais les participants provenaient au total de plus de cent pays. La différence, c’est que les gens sont venus au NFT Day pour découvrir et apprendre, en appartenant à tous les secteurs : le sport, la mode, le luxe, l’art… Alors qu’au PBW Summit, c’est des professionnels qui venaient faire des deals, recruter, se tenir à jour… La maturation a eu lieu.